MOBILISATION CONTRE LA REFORME DES RETRAITES EN BAISSE

Alors que les discussions entre syndicats et gouvernement sont dans l'impasse, un total de 570 000 manifestants ont défilé ce jeudi 6 avril en France, dont 57 000 à Paris, pour la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a indiqué la préfecture de police. 

Le 28 mars, 740 000 personnes s'étaient mobilisées à travers le pays, dont 93 000 à Paris, selon la place Beauvau. La CGT a de son côté recensé près de 2 millions de manifestants, dont 400 000 dans la capitale, contre "plus de 2 millions" en France et 450 000 à Paris le 28 mars. Dans la soirée, l'intersyndicale a fixé la date de la prochaine journée d'action au 13 avril, la veille de la décision tant attendue du Conseil constitutionnel.

Avant le départ du cortège parisien, la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a fustigé un gouvernement qui "vit dans une réalité parallèle", l'accusant de faire "comme si de rien n'était" face à la "profonde colère" contre la réforme. A ses côtés, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a observé que "la contestation est toujours aussi forte" même si les chiffres de participation du jour ne sont "pas les plus importants depuis le début" du mouvement social.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 111 interpellations et 154 membres des forces de l'ordre blessés en France.

A Lyon, des dégradations ont été commises sur le parcours, avec notamment un magasin Nespresso pillé et une voiture Tesla détruite. Des actions de blocages aux portes de grandes villes ont provoqué des embouteillages, notamment à Lyon et Rennes mais aussi autour de Brest et Caen.

Des grèves moins suivies

Les grèves ont toutefois été moins marquées, notamment à la SNCF, avec trois TGV sur quatre et un TER sur deux et, à Paris, un trafic "quasi normal" pour le métro et le RER.

Du côté des raffineries, après l'annonce du redémarrage de la production du site Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime), sa voisine TotalEnergies à Gonfreville-L'Orcher reste la seule dont la production est encore arrêtée.

Dans l'éducation, le ministère a recensé moins de 8 % d'enseignants grévistes. Quelques lycées et universités ont fait l'objet de blocages, par exemple, à Paris, la Sorbonne et Assas. A Rennes, la faculté de droit a été fermée, de même que les trois campus de Lyon-2.

Le taux de grévistes dans les collectivités locales et les hôpitaux était lui supérieur de 0,5 point à celui de la précédente journée de mobilisation. Dans la fonction publique territoriale (environ 2 millions d'agents), il s'établit ainsi à 3,9%, contre 3,4% le 28 mars à la mi-journée, selon les chiffres du ministère de la Fonction publique.

Dans la fonction publique hospitalière (1,2 million d'agents), il remonte à 5,9% contre 5,4% lors de la précédente journée de mobilisation. En revanche, dans le plus gros versant du secteur public, la fonction publique d'Etat (2,5 millions d'agents), le taux de grévistes est identique à celui du 28 mars et atteignait 6,5% à la mi-journée.

Chez EDF, où environ un agent sur deux a fait grève lors des premières journées de mobilisation, la participation marquait le pas avec 19,9% de grévistes selon des chiffres relevés à la mi-journée par la la direction, après 21,5% le 28 mars selon la même source.

Les syndicats veulent "entretenir la flamme"

Mais comme depuis le 10 janvier et la présentation de la réforme, le plus gros blocage est surtout à rechercher entre l'exécutif et les syndicats, dont les relations virent à l'aigre. Après une rencontre qui a tournée court mercredi à Matignon, la cheffe du gouvernement a affirmé qu'elle n'envisageait "pas d'avancer sans les partenaires sociaux".

D'autres batailles sont à prévoir. La prochaine n'a pas été choisie au hasard : la prochaine journée d'action aura lieu le 13 avril, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel. Laurent Berger espère que les Sages censurent "l'ensemble de la loi".

A défaut, a estimé le numéro un de la FSU Benoît Teste ce jeudi, un feu vert à la procédure de référendum d'initiative partagée (RIP) sur les retraites "peut nous permettre d'entretenir la flamme".




Boby Dean pour DayNewsWorld