UNE DESTITUTION CONTRE JOE BIDEN A L'HORIZON ?

Le président Joe Biden pourrait-il être destitué pour "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs" ? 

C'est ce qu'affirment certains républicains.

La perspective d'une destitution du président Joe Biden a franchi une étape décisive cette semaine , alors que les républicains au Congrès ont entrepris avec prudence une potentielle enquête en ce sens. Les républicains conservateurs semblent déterminés à mener à bien cette entreprise.

Lors de la séance du Congrès le 22 juin dernier, une résolution "privilégiée" visant à contraindre un vote de destitution a été écartée, par 219 voix favorables contre 208 voix défavorables. Cette résolution, renvoyée aux commissions de la Chambre des représentants, a donc donné lieu à l'ouverture d'une enquête de destitution menée par la commission de la Sécurité Intérieure et celle de la Justice. Selon le règlement de la Chambre, une résolution "privilégiée" doit être soumise à un vote dans un délai de deux jours législatifs. Ce type de résolution permet de contourner les obstacles procéduraux et peut être traité plus rapidement que les résolutions classiques, étant directement inscrit à l'ordre du jour.

Le vote, "inévitable dans les mois à venir"

Si les démocrates espéraient simplement rejeter cette mesure, les républicains ont redirigé la tentative de Lauren Boebert de forcer un vote de destitution contre le président Joe Biden vers les deux commissions mentionnées précédemment.

L'élue Lauren Boebert justifie cette démarche en arguant que le président Biden a mis en danger la sécurité des États-Unis et la santé du peuple américain, une accusation qu'elle défend dans les articles de mise en accusation qu'elle a présentés. En effet, selon elle, Joe Biden aurait "violé" son serment en ne faisant pas respecter les lois sur l'immigration et en n'assurant pas la sécurité de la frontière avec le Mexique pour empêcher l'introduction d'une drogue synthétique, le fentanyl, sur le sol américain. Ces élus accusent le président démocrate d'être responsable d'une "invasion" à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en raison de sa politique migratoire.

 Selon la Constitution américaine, le Congrès peut destituer le président en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs". La républicaine du Colorado estime donc que le locataire de la Maison-Blanche mérite d'être destitué pour cette raison. Une autre représentante républicaine, Marjorie Taylor Greene, elle aussi considérée comme très conservatrice, a annoncé également son intention de présenter prochainement d'autres résolutions privilégiées pour destituer non seulement le président de la Maison Blanche, mais également deux membres de son cabinet : le directeur du FBI, Christopher Wray, et le procureur américain Merrick Garland, en charge des poursuites contre les participants à l'assaut du Capitole en janvier 2021.

Des réticence chez certains républicains

Cependant, le reste de l'opposition républicaine refuse pour l'instant de s'engager dans cette voie, craignant de transformer la procédure en un exercice purement partisan. Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre des représentants, s'est opposé à ces initiatives, préférant attendre les conclusions des enquêtes actuellement menées par James Comer, président du comité de surveillance, et Jim Jordan, président du comité judiciaire, sur Biden, sa famille et son administration. "Je pense qu'aborder prématurément [une destitution], sans avoir d'expérience dans ce domaine, cela saperait nos efforts", a-t-il déclaré.
L'opposition républicaine ne souhaite donc pas s'aventurer sur ce terrain de peur de transformer la procédure en un exercice purement partisan, étant donné que certains de ses membres veulent inculper le président des États-Unis par pure revanche.

Toutefois, selon certains observateurs, le vote de jeudi dernier ne fait que retarder une destitution inévitable dans les mois à venir. Certains députés du parti ont déjà déposé des articles de destitution contre Biden, mais l'utilisation de ce type de résolutions suscite des inquiétudes.

Front uni.des démocrates contre cette enquête en destitution

Face à cette enquête en destitution, les démocrates ont fait front uni.L'administration Biden a réagi le lundi 26 juin 2023 au lancement de cette enquête, critiquant ses adversaires pour avoir "désespérément dévié" de leur programme économique. Ian Sams, porte-parole de la Maison Blanche pour la surveillance et les enquêtes, a déclaré : "Le président McCarthy et les Républicains de la Chambre prouvent qu'ils n'ont aucun programme positif pour réellement aider le peuple américain sur les questions les plus importantes pour eux et leurs familles." Karine Jean-Pierre a déclaré quant à elle : "Il est regrettable que les républicains du Congrès veuillent continuer à se concentrer sur une question qui n'est pas la priorité des familles américaines."
Si une destitution devait avoir lieu, Joe Biden, dont la candidature pour un second mandat est critiquée en raison de son âge, serait le premier président de l'histoire américaine à faire l'objet d'une telle procédure. Jusqu'à présent, aucun président américain n'a été destitué. Trois présidents ont fait l'objet d'une mise en accusation : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et 2021. Toutefois, tous ont finalement été acquittés.

En 1974, Richard Nixon a préféré démissionner pour éviter une destitution certaine par le Congrès, en raison du scandale du Watergate.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld