SALMAN RUSHDIE POIGNARDE PAR UN ISLAMISTE

L’auteur britannique Salman Rushdie, sous le coup d’une fatwa lancée par l’ayatollah Khomeyni un an après la parution de son livre « les Versets sataniques », considéré comme impie par le régime des mollahs en Iran, a été poignardé ce vendredi aux États-Unis. L’écrivain a été attaqué alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence à l’Institut Chautauqua, un centre culturel situé dans l’ouest de l’État de New York.

Transporté en hélicoptère vers un hôpital, blessé au cou, son état de santé, hier soir, était incertain. « Salman Rushdie est vivant et il reçoit les soins que nécessitent son état », a déclaré la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, qui a condamné l’attaque.

L’attaque s’est produite vers 10 h 45 (heure locale) alors que le romancier de 75 ans se trouvait sur la scène de l’institut, juste avant qu’il ne prenne la parole. Un journaliste de l’agence AP, présent sur place, a constaté qu’un homme s’était précipité sur lui pour lui porter entre 10 et 15 coups. La police locale a confirmé qu’il s’agissait de coups portés à l’aide d’une arme blanche. Selon un autre témoin, l’agresseur était vêtu de noir et porteur d’un masque noir. Salman Rushdie est tombé au sol tandis que l’assaillant a pu être maîtrisé et interpellé. Sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on aperçoit plusieurs personnes se porter au chevet du blessé afin de lui prodiguer les premiers secours..La salle a ensuite été évacuée.

L’auteur des « Versets sataniques » a été placé sous respirateur artificiel. Selon l'agent de l'écrivain britannique de 75 ans, Andrew Wylie, auprès du New York Times, « Salman va probablement perdre un oeil; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie ». Nous ne savons pas si l’écrivain survivra.

L’assaillant interpellé, un extrémiste chiite

L’assaillant a pu être interpellé : un homme de 24 ans, Hadi Matar , originaire du New Jersey.. Le profil de Hadi Matar, 24 ans se précise déjà. Inculpé pour tentative de meurtre et agression ce samedi 13 août, l'homme d'origine libanaise aurait des accointances avec l'extrémisme chiite, ont indiqué au New York Post des sources policières. Les premiers éléments d'enquête révèlent notamment un soutien aux Gardiens de la révolution islamique d'Iran.Sur son profil Facebook, suspendu depuis par la plateforme, le suspect originaire de Fairview, dans le New Jersey, affichait largement son soutien pour le régime iranien et à l'idéologie des Gardiens de la révolution. Des images de diverses figures du régime, parmi lesquelles le commandant iranien Qassem Solemani, assassiné en 2020 par une frappe américaine, étaient visibles sur son «mur». Quant à sa photo de profil, elle affichait la figure de l'Ayatollah Khomeiny, le «guide suprême de la révolution», qui a pris la tête de l'Iran en 1979 et a lui-même lancé la fatwa contre Salman Rushdie dix ans pus tard.

Glorifié par un journal conservateur iranien

Le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, a félicité ce samedi l'homme ayant poignardé Salman Rushdie. « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie », écrit le journal, dont le patron est nommé par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. « Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau », poursuit le texte.

Salman Rushdie: l'expression de la liberté

Issue d’une famille aisée indienne, il naît à Bombay, alors britannique. Il quitte son pays natal à 13 ans pour aller vivre au Royaume-Uni. Sa notoriété, il l’acquiert en 1981, lorsqu’il publie « les Enfants de minuit », qui décroche le prestigieux Booker Prize, équivalent du Goncourt au pays de la reine Elizabeth II. Il y raconte, sous couvert d’un roman, l’histoire de l’Inde, depuis 1947, jusqu’aux années 1970. Il a publié douze romans, un recueil de nouvelles, quatre essais, et a même écrit deux livres pour enfants.

« Les Versets sataniques » sortent en 1988 déchaînant les foudres du régime iranien et d’une partie du monde musulman. La vie de Salman Rushdie bascule alors , lorsque le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Khomeyni, lance, le 14 février 1989, sa fatwa, c’est-à-dire son décret religieux, dans lequel il appelle tous les musulmans à le tuer. Sa tête est mise à prix pour 2,8 millions de dollars. L’écrivain est dès lors contraint de vivre sous protection policière et de se cacher. S’ensuivent dix ans de vie cachée sous protection policière, où il prend pour pseudonyme Joseph Anton, inspiré par ses deux auteurs préférés, Joseph Conrad et Anton Tchekhov. Après une décennie caché, il tente un retour à une vie quasiment normale, à New York, où il habite depuis 1999.

Il est actuellement entre la vie et la mort.




Jaimie Potts pour DayNewsWorld