FORTE INCERTITUDE SUR LES ELECTIONS

DE MI-MANDAT DEJA EN ROUTE

Deux ans après l’élection mouvementée de Joe Biden à la Maison Blanche, les électeurs américains seront à nouveau appelés aux urnes mardi 8 novembre. Renouvellement complet de la Chambre des représentants, d’un tiers du Sénat, élection de certains gouverneurs et secrétaires d’Etat, référendums locaux… ces élections de mi-mandat promettent d’être riches.

Plus de deux millions d’électeurs ont déjà voté par anticipation dans de nombreux États en prévision des élections de mi-mandat le 8 novembre prochain. Cette donnée laisse présager un taux de participation important lors d’un scrutin normalement moins couru, et pour cause : les enjeux – sociaux, économiques, environnementaux et politiques – sont de taille. L’ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants, le tiers des 100 places au Sénat et 36 postes de gouverneurs sont en jeu.

L’intégralité de la Chambre des représentants, la chambre basse du Parlement américain, va être renouvelée, soit 435 sièges remis en jeu tous les deux ans. Depuis l’élection de Joe Biden, les démocrates y disposent d’une courte majorité, à 220 sièges (contre 212 républicains). Trois sièges étant vacants, il suffirait donc aux républicains de les remporter et de reprendre cinq sièges aux démocrates pour prendre le contrôle de la Chambre.

Le rebrassage politique qui s’annonce sera donc déterminant pour la fin du mandat de Joe Biden, mais aussi pour les élections générales de 2024. Or depuis la seconde guerre mondiale, les élections de mi-mandat ou « midterms » ont toujours marqué – sauf une fois – un vote sanction à l’encontre du parti du président élu.

Les élections de mi-mandat américaines ne touchent pas que les élus fédéraux : des candidats croisent aussi le fer sur la scène municipale, y compris à Washington DC.

C'est pourquoi une crainte importante se dessine de part et d’autre du spectre politique : celle de se faire « voler » une élection.

Un record pour les LGBT+ candidats dans 50 Etats

Pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, des personnes lesbiennes, gays, bi ou transgenres sont candidates aux élections de mi-mandat dans chacun des 50 Etats américains. Il s'agit d'un record qui pourrait avoir une influence de taille sur le paysage politique du pays, selon une analyse publiée le 26 octobre par le LGBTQ Victory Fund (article en anglais), qui aide à financer les campagnes de politiques Environ 90% de ces candidatures émanent du camp démocrate.

Quelque 678 personnes LGBT+ sont candidates aux élections du 8 novembre, scrutin lors duquel les Américains renouvelleront l'ensemble des sièges de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Toute une série de postes de gouverneurs et d'élus locaux sont également en jeu. Parmi les candidatures notables, les démocrates Tina Kotek et Maura Healey pourraient devenir les premières gouverneures lesbiennes de leurs Etats respectifs, l'Oregon et le Massachusetts. Et dans l'Etat du Vermont, frontalier du Canada, Becca Balint a de grandes chances de devenir la première lesbienne de cet Etat élue à la Chambre des représentants.

Des scrutins décisifs

Au sein de tous les scrutins de ces élections de mi-mandat, certains revêtent un enjeu des plus stratégiques avant la prochaine élection présidentielle américaine, en 2024. Certaines d’entre elles pourraient, en outre, se révéler déterminantes pour l’élection présidentielle de 2024.

Dans l’Ohio, par exemple, la démocrate Marcy Kaptur, élue de l’Ohio depuis 1983, fait face cette année à la réélection la plus difficile de sa carrière, après que les districts de vote ont été redéfinis en 2020. Elle est opposée au républicain J.R. Majewski, proche de l’ancien président Donald Trump, il était présent au Capitole lors des émeutes du 6 janvier 2021.

En Californie, un républicain qui a voté la destitution de Donald Trump rejoue sa place. Il s'agit de David Valadao, actuellement élu à la Chambre des représentants. Ils ne sont que deux à se soumettre à nouveau aux votes cette année. David Valadao et Rudy Salas s’affrontent dans le district de Central Valley, légèrement plus favorable aux démocrates depuis le redécoupage.

Dans le Michigan, la démocrate Elissa Slotkin pourrait être réélue après l’annulation de Roe vs Wade même si le nouveau district est plus républicain et rural, analyse le Time. Mais la remise en cause du droit fédéral à l’avortement a changé le paysage politique, et offre une nouvelle chance à Mme Slotkin.

Au Sénat, les démocrates ne disposent que d’une courte avance : une voix. Sur cent sièges, trente-cinq sont remis en jeu dans ces élections de mi-mandat. Il s’agit de la promotion élue en 2016, dans le sillage de Donald Trump.

D'autres scrutins sont également importants puisque liés à des référendums pour le droit à l’avortement et la légalisation du cannabis

Après le démantèlement du droit fédéral à l’avortement, laissant les Etats libres de légiférer à leur échelle, cinq d’entre eux profitent en effet des élections de mi-mandat pour organiser des référendums: la Californie, le Michigan, le Vermont, le Kentucky et le Montana. Cinq autres Etats se prononcent, eux, sur le cannabis : l’Arkansas, le Dakota du Sud le Maryland, le Missouri ou le Dakota du Nord .

Un débat politique difficile pour le camp de Joe Biden

Sur le fond du débat politique, le locataire de la Maison Blanche a fort à faire pour défendre son action dans un contexte d’inflation galopante. Le camp des démocrates sait qu'il a beaucoup à perdre ou à gagner selon le coût du carburant affiché dans les stations-service ces prochains jours. Pour mettre toutes les chances de son côté lors des élections des midterms 2022, le 8 novembre prochain, Joe Biden oeuvre depuis plusieurs mois à faire baisser le prix du gallon d'essence qui a explosé lorsque la guerre en Ukraine s'est déclaré. Pour rassembler les progressistes autour de lui, il a enfourché le cheval de bataille de l’avortement, en promettant qu’en cas de victoire aux midterms, la première loi du Congrès garantira le droit à l’IVG.

De leur côté, les conservateurs du Grand Old Party promettent de mener un combat acharné contre l’inflation. Les républicains élus à la Chambre souhaitent aussi consacrer davantage de moyens à la protection des frontières, à la sécurité et à la lutte contre l’addiction aux opiacés, qui touche de nombreux Américains. Ils pourraient en outre encourager les forages miniers et gaziers sur le territoire national.

Ces midterms sont également marquées par l’impact du trumpisme : « Dans bien des primaires républicaines du printemps et de l’été, nier les résultats légitimes des élections de 2020 était le ticket d’entrée » pour une investiture aux élections de mi-mandat, remarque le Washington Post.

Toujours est-il que les sondages sont particulièrement serrés et le résultat incertain à l'approche de ces midterms. Mais Joe Biden et les démocrates ont l'histoire contre eux.

 « Le président a perdu la majorité à la Chambre des représentants 36 fois sur 40 », lors des midterms, a expliqué à Linternaute Marie-Christine Bonzom, ex-journaliste française pour la BBC.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld