ASSAUT DU CAPITOL

 PEINE RECORD DE 22 ANS DE PRISON 

POUR ENRIQUE TARRIO EX-LEADER DES PROUD BOYS

La justice américaine a eu la main lourde. Enrique Tarrio, ex-leader des Proud Boys - mouvement antiféministe mué en milice d'extrême droite - a été condamné mardi 5 septembre à vingt-deux ans de prison. Soit la plus lourde peine prononcée pour l'assaut contre le Capitole, profanation sans précédent du sanctuaire de la démocratie américaine, mais qui reste inférieure à celle requise par les procureurs (trente-trois ans).

Le 6 janvier 2021, environ 200 membres des Proud Boys avaient pris d'assaut le Capitole, siège du Congrès américain, afin de tenter d'y empêcher la certification de la victoire du démocrate Joe Biden sur le président républicain Donald Trump.

La semaine dernière, les quatre autres membres des Proud Boys, reconnus coupables en mai dernier avec Enrique Tarrio, ont été condamnés à des peines allant de 10 à 18 ans de prison. Contrairement aux quatre autres prévenus, si Enrique Tarrio ne se trouvait pas à Washington lors de cette date fatidique, le juge a estimé qu'il était le "dirigeant ultime du complot".

Président des Proud Boys de 2018 à 2021, organisation d’extrême droite qui promeut la violence pour parvenir à ses fins politiques, Tarrio a été reconnu coupable en mai dernier, comme trois autres dirigeants, de « complot séditieux ». Sa peine restait à prononcer.

Même s'étant vu interdire de se rendre à Washington le 6 janvier en raison d'une injonction judiciaire antérieure, Tarrio a joué un rôle central dans la planification de l'émeute du Capitole, qui visait à empêcher le Congrès de certifier la victoire de Joe Biden à la présidence. Environ 200 membres des Proud Boys ont participé à cette attaque contre le siège du Congrès américain, qui a tragiquement coûté la vie à cinq personnes, dont un policier, et a laissé plus de 140 policiers blessés.

Les procureurs ont décrit Enrique Tarrio, âgé de 39 ans, comme un "leader naturellement charismatique" et un "propagandiste astucieux" qui a utilisé son influence sur des centaines de partisans du groupe d'extrême droite pour coordonner cette attaque. Lors de l'audience de mardi, le procureur adjoint américain Conor Mulroe a déclaré : 

"Cet accusé et ses complices ont ciblé l'ensemble de notre système de gouvernement", car ils voulaient contester le résultat de l'élection présidentielle qui avait donné la victoire à Joe Biden. Il a mis en garde contre le fait que des conséquences claires devaient être établies pour dissuader tout mécontentement à l'égard des résultats des élections futures, qu'il s'agisse de 2024, 2028, 2032 ou au-delà.

Muni d’un plan stratégique contre les bâtiments gouvernementaux

L’enquête a démontré que l’ancien petit délinquant, qui revendait des bandelettes de tests pour diabétiques volées, devenu indicateur de la police puis le directeur de l’association des "Latinos de l’État de Floride pour Trump", avait organisé les rassemblements du groupuscule à Washington avant le 6 janvier dans le but d’arrêter la transition pacifique du pouvoir, qu’il surveillait leurs mouvements et les encourageait pendant l’assaut, se rengorgeant de leurs actions dans les jours qui avaient suivi l’insurrection. Un plan stratégique de neuf pages visant à « prendre d’assaut » les bâtiments gouvernementaux à Washington le 6 janvier avait été trouvé en sa possession après l’émeute.

Les avocats de Enrique Tarrio ont plaidé que son seul objectif était de rassembler ses partisans pour faire face aux manifestants du mouvement d'extrême gauche Antifa. Ils ont insisté sur le fait qu'il se trouvait à Baltimore, dans l'État voisin du Maryland, le 6 janvier 2021, et n'avait aucun moyen de contrôler ses amis devenus violents.

"Mon client n'est pas un terroriste. Mon client est un patriote égaré. Il essayait de protéger ce pays, aussi malavisé soit-il", a plaidé Sabino Jauregui, l'un de ses avocats.

Le magistrat a paru peu sensible aux remords exprimés à la barre à l'accusé, fils d'immigrants cubains de 39 ans, originaire de Floride, la voix par moments étranglée par les sanglots.Enrique Tarrio qualifia le 6 janvier 2021 de "jour horrible", implorant sa "clémence".

Peine perdue.


Alyson Braxton pour DayNewsWorld