LES CARICATURES POLITIQUES SONT INDISPENSABLES A LA LIBERTE D'EXPRESSION

A la suite de la publication d'une caricature controversée, le quotidien américain le New York Times a pris une mesure radicale : il a banni les caricatures politiques. Le caricaturiste Plantu y voit une menace pour « l'avenir de nos démocraties ». « « L'humour et les images dérangeantes font partie de nos démocraties, estime le dessinateur français Plantu. Fondateur de l'association Cartooning for peace qui a critiqué mardi la décision du New York Times de bannir les caricatures politiques de ses éditions internationales. « C'est aussi crétin que si on demandait aux enfants le jour de la fête des mères de ne plus faire de dessins pour leurs mamans », a estimé le caricaturiste historique du journal Le Monde.

Le quotidien a indiqué qu'il réfléchissait depuis un an à « aligner » l'édition internationale sur celle publiée aux Etats-Unis, qui ne comprend plus de dessins politiques depuis de nombreuses années. Il compte mettre ce projet à exécution à compter du 1er juillet prochain.

Polémique sur les caricatures

A l'origine de cette décision controversée une caricature de l'humoriste Antonio Moreira Antunes. Fin avril en effet la publication d'un dessin représentant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump avait déclenché un tollé au sein de la communauté juive mais aussi au-delà. Le chef du gouvernement israélien était dessiné sous la forme d'un chien guide, portant un collier avec une étoile de David, et tenu en laisse par le président américain, aveugle, avec une kippa sur la tête. Cette caricature

Le New York Times a en effet annoncé lundi qu'il ne publierait plus de dessins politiques dans son édition internationale, après une récente polémique liée à une caricature jugée antisémite. Ces dessins sont déjà bannis de son édition américaine depuis plusieurs années.

Pour M . Plantu le journal américain s'est « aplati devant les réseaux sociaux en s'excusant plusieurs fois d'avoir publié un dessin », et il devrait « se ressaisir » et dire qu'il a eu  « tort de se séparer des dessinateurs, car on ne peut pas imaginer des journaux sans les images d'opinion ».

Le dessin de presse est un  « droit humain fondamental » pour Plantu

A travers l'association Cartooning for peace (créée en 2006 avec Kofi Annan), et avec l'ONG Reporters sans frontières (RSF), Plantu mène justement une campagne pour que le dessin de presse soit reconnu par l'Unesco comme un droit humain fondamental. Il a donc exprimé sa solidarité à l'égard de ses confrères travaillant pour le New York Times parmi lesquels Antonio Moreira Antunes, dont la caricature est à l'origine de cette décision controversée.

La mobilisation des dessinateurs

C’est sur Twitter, et à coups de crayons, que les dessinateurs de presse ont réagi à la polémique. Des auteurs comme Ménégol, caricaturiste qui collabore notamment au Figaro, ont riposté sur le réseau social. Sur son dessin, les lettres emblématiques du titre new-yorkais sont devenues des dents de scie, découpant un crayon à papier. Le dessinateur Glon s’est quant à lui amusé à caricaturer Donald Trump avec son conseiller. «Mais pourquoi le New York Times ne parle-t-il plus jamais de moi??», s’étonne le président américain. «Ils ont arrêté la caricature politique, Monsieur le Président», lui répond son voisin.

« Comme nous avons soutenu le dessinateur Antonio qui avait été censuré par le New York Times (...), l'association Cartooning for peace soutient le dessinateur Patrick Chappatte », l'un des dessinateurs vedettes du journal américain depuis une vingtaine d'années, a souligné le dessinateur. « Nous sommes inquiets pour l'avenir de nos démocraties et de la liberté d'opinion », a-t-il ajouté.

Les dessinateurs inquiets pour la démocratie

« Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter », a déploré Patrick Chappatte « Et nous rebeller. Les dessinateurs de presse sont nés avec la démocratie et lorsque les libertés sont menacées, ils le sont aussi. »

Pour sa part le responsable de la rubrique éditoriale du New York Times James Bennet a indiqué sur Twitter que le quotidien souhaitait continuer à travailler à l'avenir avec Patrick Chappatte et avec Heng Kim Song, son autre dessinateur vedette, sur d'autres formats...

Alize Marion pour DayNewsWorld