QUELLES CONCESSIONS

POUR LA REFORME DES RETRAITES ?

La grève contre la réforme des retraites se poursuit dans les transports en commun.

Jeudi 5 décembre 2019 au moins 800 000 personnes avaient manifesté dans toute la France si bien que les syndicats, ragaillardis, ont décidé d'une nouvelle grève le mardi 10 décembre 2019 pour obtenir d'éventuelles concessions de l'exécutif.

L'exécutif, de son côté, laisse la porte ouverte à de nouvelles négociations. « Il reste des marges de négociation », a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Lundi, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, recevra tous les partenaires sociaux, avec le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye. Puis ce sera au tour des annonces très attendues d'Édouard Philippe, mercredi midi, devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Son projet de réforme censé être présenté dans son « intégralité », sera scruté à la virgule près.

Mais quelles concessions l'exécutif pourrait-il faire ?

1° Un renoncement aux mesures d'économies

Pour Emmanuel Macron le futur « système universel » censé remplacer les 42 régimes existants devra être « équilibré financièrement » dès le départ. Or , selon le rapport publié jeudi 21 novembre par le Conseil d'orientation des retraites (COR), le système de retraites actuel devrait atteindre un déficit entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros en 2025. A charge donc au gouvernement d' équilibrer les comptes de l'assurance-retraite d'ici 2025 en prônant des mesure pour pallier ce déficit annoncé. Parmi les pistes évoquées : l'allongement de la durée des cotisations ou la mise en place d'un âge-pivot de départ à la retraite à 63 ou 64 ans, avec application de décote avant. Des réformes dites « paramétriques », que le leader de la CFDT, Laurent Berger, seul soutien du gouvernement, refuse catégoriquement.

« Si l'on veut réussir la réforme, il peut être avisé de renvoyer aux partenaires sociaux les mesures d'équilibre à un horizon plus lointain. Ce n'est pas une urgence », explique  le député LREM Sacha Houlié chez un confrère.

2° Une entrée en application de la réforme repoussée

Le rapport Delevoye propose une entrée en vigueur du système à points à partir de 2025, pour les générations nées à partir de 1963. Mais le gouvernement envisage depuis plusieurs semaines de décaler cette date d'entrée en application. Le 27 novembre, Édouard Philippe avait indiqué que des personnes à « 10 ou 15 ans » de la retraite pourraient être concernées, donc nées en 1968 ou 1973.Ce qui exclurait les cinquantenaires pour qui la réforme ne s'appliquerait donc pas

Ce compromis, entre le projet Delevoye et l'idée désormais abandonnée de la « clause du grand-père » (une réforme qui ne s'appliquerait qu'aux nouveaux entrants sur le marché du travail), semblerait « le bon curseur », selon la formule d' Édouard Philippe

3° La revalorisation du salaire des enseignants

Face à la forte mobilisation des enseignants (51,15 % dans le primaire et 42,32 % dans le secondaire), le Premier ministre comme le ministre de l 'éducation nationale ont tenté de calmer les esprits en promettant des hausses de salaires. Des simulateurs ont en effet circulé ces dernières semaines, affichant de fortes baisses de pensions pouvant aller jusqu'à 900 euros par mois si le calcul de la pension prenait en compte l'ensemble de la carrière et non plus les six derniers mois avant la retraite, comme aujourd'hui. « Le système universel de retraite, ce n'est pas la baisse des pensions des enseignants. Au contraire, c'est la revalorisation progressive de leur traitement, de façon à ce que leur pouvoir d'achat ne baisse pas », a tenté de rassurer le Premier ministre ce vendredi. La mesure, qui devrait être intégrée dans le budget de 2021, coûterait entre 400 et 500 millions d'euros par an.

Pour certains observateurs cependant ces quelques concessions ne suffiraient pas à apaiser les tensions.

« Macron est dans une impasse. S'il cède, son électorat venant de droite sera mécontent et il perdra énormément dans cette partie de l'opinion qu'il cherche à conquérir. Et s'il ne cède pas, l'élection présidentielle de 2022 sera un référendum pour ou contre cette réforme », selon l' analyse Jean-Christophe Cambadélis pour un confrère.

Garett Skyport pour DayNewsWorld